Chronique Nature #1 par Vincent Henn, accompagnateur en montagne
Comment s’y prendre pour identifier des traces d’animaux ?
Inutile de sortir trop vite quand la neige vient de tomber : les animaux attendent généralement quelques heures pour sortir de leur cachette… et marquer le beau tapis blanc ! La neige profonde et poudreuse, si elle plaît aux skieurs, permet rarement d’avoir de belles traces bien nettes. Rien de telle qu’une petite couche d’une dizaine de centimètres tombée il y a 24-48h.
Règle n°1 : pour identifier une trace, ne pas aller trop vite !
Lorsque l’on commence le pistage, on veut souvent connaître tout de suite l’espèce qui a laissé une trace. Or c’est comme une énigme policière : il faut ramasser tous les indices, faire des hypothèses, vérifier une idée… pour parfois ne pas conclure !
Règle n°2 : identifier la taille de l’animal
Quand on voit une trace de mulot, ça ne peut pas être un renard, ni un loup ! Pour cela, lorsque l’on photographie une trace, il est extrêmement important d’avoir un repère pour conserver l’échelle. On peut rajouter une pièce de monnaie, un briquet, une règle..
des pattes d’oiseaux, avec quatre doigts munis de griffes
des sabots
des mains, munies de longs doigts
des pelotes
Ces types correspondent à des grande familles d’animaux :
les oiseaux
les ongulés comme le chevreuil, le cerf, le chamois…
les digitigrades (qui marchent sur leur doigts), comme les canidés (le renard et le loup), les félidés (lynx, chat sauvage) et certains mustélidés (belette, martre, fouine)
les plantigrades (qui marchent sur la plante de leur pied), comme l’homme (mais rarement pieds nus dans la neige… c’est froid !!), l’ours ou le blaireau
Règle n°4 : regarder la voie
Il ne faut pas uniquement regarder une empreinte, c’est-à-dire la trace laissée par un pied, mais aussi la voie, c’est à dire l’ensemble des empreintes de l’animal. Cela va donner des indications sur la manière dont l’animal pose ses pieds au sol mais aussi son allure : est-ce qu’il marche, trotte ou galope ?
Ce sont tous ces éléments qui nous aident à trouver qui est passé par là.
Comment ne pas déranger la faune en hiver ?
L’hiver est une période délicate pour les animaux. On pense souvent au froid, parce que pour nous humains, c’est ce qui nous marque le plus ! En fait, les animaux sont plutôt bien équipés pour s’en protéger, du moins les mammifères et les oiseaux : un bon poil, un bon duvet ! D’ailleurs nos ancêtres ne s’y sont pas trompés en utilisant les peaux de bêtes pour se couvrir et la mode actuelle des doudounes en duvet le montre également !
Ce qui devient difficile en hiver c’est surtout trouver à manger : l’herbe grasse de l’été a fané et se retrouve enfouie sous la neige, les fruits de la fin de l’été ou de l’automne viennent à manquer. Enfin, les insectes, incapables de réguler leur température interne, passent généralement l’hiver sous la forme de larve, bien cachés sous terre.
En hiver encore plus que le reste de l’année, tout dérangement va coûter de l’énergie à un animal, surtout s’il y a de la neige et que, surpris, il doit s’enfuir rapidement. Une bonne façon de faire est donc toujours d’observer les animaux de loin avec des jumelles et une lunette d’observation. Si l’on trouve une trace d’animal, une bonne idée est de ne pas la suivre dans le sens de la marche, en espérant tomber sur l’animal, mais plutôt de « remonter » la trace dans le sens inverse, sans aucun risque de déranger l’animal.